La santé perçue des travailleurs hospitaliers de nuit (THN), plus vulnérables du fait de leur rythme de travail, demeure peu étudiée. L’enquête AP–HP ALADDIN documente les perceptions et expériences des THN lors de la première vague épidémique de COVID-19. Notre étude s’est déroulée auprès des professionnels travaillant dans les établissements de l’assistance publique des hôpitaux de Paris (AP–HP).
Des statistiques descriptives ont été réalisées sur les données de cette enquête transversale en ligne (15 juin–15 septembre 2020) représentative de l’ensemble des THN de l’AP–HP (pondération et calage sur marge) afin d’étudier les leurs perceptions et expériences liées à l’épidémie de COVID-19 et à sa gestion au sein de l’hôpital.
Un total de 1127 participants ont été inclus (77,5 % de femmes, 54,0 % d’infirmières, 36,3 % d’aides-soignants ou techniciens, 4,3 % de sages-femmes, 0,8 % de cadres de santé et 4,6 % exerçant une autre profession). Parmi eux, 13,2 % avaient été testés positifs au COVID-19, 59,6 % négatifs et 27,2 % ne connaissaient pas leur statut. La plupart des THN (78,5 %) se perçoivent plus vulnérables à la COVID-19 et 90,7 % d’entre eux ont peur de la transmettre à leur famille. Seulement 19,8 % des THN font confiance aux institutions (gouvernement) pour gérer la crise sanitaire. De plus, 71,9 % ont fait face à des difficultés pour accéder au dépistage, 56,3 % considèrent adéquates les mesures de protection mises en place au sein de l’hôpital et 60 % ont trouvé difficile d’appliquer ces mesures. Enfin, seulement 10,1 % ont reçu un soutien psychologique (par un professionnel ou par l’entourage) au cours des deux dernières semaines.
Durant la première vague épidémique, les perceptions des THN de la gestion de la crise a pu engendrer une détresse psychologique, qui n’a d’ailleurs, pas été prise en charge.
Il est nécessaire d’apprendre de ces situations pour améliorer l’organisation et le soutien fourni au personnel hospitalier de nuit impliqué dans la lutte contre l’épidémie.