On sait très peu sur la pensée politique de Félicité de Genlis (1746-1830) à part le fait qu’elle est devenue royaliste après la Révolution française. Cependant le tableau de l’Arcadie de Lagaraye dans Adèle et Théodore, ou lettres sur l’éducation (1782), fournit beaucoup de détails sur ce sujet. La figure du Législateur, en particulier, y démontre que la pensée politique de Genlis s’intéresse principalement à l’administration émotive des sociétés politiques, surtout en ce qui regarde les femmes, tout en rappelant – et en critiquant – les préoccupations politiques de Jean-Jacques Rousseau. Cet article analyse les correspondances et les contrastes entre Lagaraye et l’Arcadie de Clarens que Rousseau a dépeint dans Julie, ou la nouvelle Héloïse (1762). Il met Genlis en avant comme une critique sévère des idées de Rousseau, ainsi qu’une adhérente secrète du rousseauisme politique qui a développé sa vision politique sur la base de celle du Citoyen de Genève.